Jacqueline Jacob, la grand-tante de Grégory Villemin, a été mise en examen pour “association de malfaiteurs criminelle”, 41 ans après le meurtre du petit garçon. Soupçonnée d’être l’un des “corbeaux” de l’affaire Grégory, elle conteste les accusations.
Quarante et un ans après l’assassinat de Grégory Villemin, l’affaire qui bouleverse la France depuis 1984 connaît un nouveau rebondissement. Jacqueline Jacob, la grand-tante du garçonnet, a été mise en examen pour “association de malfaiteurs criminelle”. Soupçonnée d’être l’un des « corbeaux » qui ont harcelé la famille, elle clame toujours son innocence.
Un tournant judiciaire inattendu dans une affaire hors norme
Une mise en examen historique Ce vendredi 24 octobre, Jacqueline Jacob, 81 ans, a été mise en examen à l’issue d’une audition d’une heure et demie devant la cour d’appel de Dijon. La grand-tante du petit Grégory est désormais poursuivie pour “association de malfaiteurs criminelle”. Elle est soupçonnée d’avoir été l’un des mystérieux “corbeaux” ayant adressé lettres et appels anonymes menaçants à la famille Villemin avant le meurtre du garçon de quatre ans, retrouvé noyé dans la Vologne le 16 octobre 1984.
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Une enquête relancée grâce à de nouvelles expertises Cette relance du dossier, considéré comme l’un des plus complexes de l’histoire judiciaire française, s’appuie sur des technologies récentes. De nouvelles expertises en graphologie et en stylométrie auraient permis d’établir des similitudes entre certains messages anonymes et l’écriture de Jacqueline Jacob. Ces avancées techniques nourrissent l’espoir de percer enfin le mystère du ou des corbeaux, auteurs de dizaines de missives vengeresses qui ont empoisonné la vie des Villemin.
Une défense qui dénonce un manque de preuves
Les avocats contestent fermement les accusations À la sortie de l’audition, l’un de ses avocats, Me Stéphane Giuranna, a dénoncé une mise en examen reposant sur des éléments fragiles. “Nous allons contester les éléments pied à pied, car ils sont tous contestables”, a-t-il déclaré devant la presse. Pour la défense, l’absence de preuve matérielle solide et la confiance accordée à la graphologie constituent un grave précédent. “En 1993, la justice avait elle-même reconnu qu’il fallait se méfier de cette méthode. Manifestement, elle n’apprend pas de ses erreurs”, a insisté l’avocat.
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Une femme âgée, laissée libre sans contrôle judiciaire Malgré la gravité des accusations, la justice n’a pas prononcé de contrôle judiciaire. Jacqueline Jacob a été laissée libre, un signe que les juges eux-mêmes mesurent la fragilité du dossier. “Cela montre bien que cela ne pèse pas lourd”, a estimé son avocat. Pour la défense, cette décision illustre un manque de cohérence entre la médiatisation de la mise en examen et la faiblesse des éléments à charge.
Une figure déjà au cœur du dossier depuis 2017
Une première mise en examen annulée Jacqueline Jacob n’en est pas à sa première confrontation avec la justice dans cette affaire. En 2017, elle avait déjà été mise en examen pour “enlèvement et séquestration suivie de mort”, avant d’être incarcérée pendant quatre jours. Cette procédure avait été annulée en mai 2018 pour un vice de forme, faute d’éléments probants. Depuis, elle n’a cessé de clamer son innocence, rejetant toute implication dans les menaces ou le meurtre de son petit-neveu.
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Une famille divisée par un drame sans fin Le meurtre de Grégory Villemin a profondément marqué la France et divisé durablement la famille. Selon les enquêteurs, les tensions internes et les jalousies liées à la réussite sociale du père, Jean-Marie Villemin, auraient nourri un climat de rancune et de vengeance. Des témoins affirment que Jacqueline Jacob, alors déléguée CGT, aurait exprimé son mépris envers son neveu, le qualifiant de “chef de mes couilles” dès 1982. Une phrase devenue tristement célèbre, symbole de la rancœur qui planait autour du jeune couple Villemin.
Un dossier emblématique de la justice française
L’affaire Grégory, 41 ans de mystères et d’échecs judiciaires Depuis la découverte du corps du petit garçon, pieds et poings liés dans la Vologne, le 16 octobre 1984, l’affaire a connu de multiples rebondissements. Parents, oncles, cousins, témoins… de nombreux protagonistes ont été entendus, inculpés puis blanchis au fil des décennies. Les erreurs de procédure, les fuites médiatiques et les rivalités entre magistrats ont contribué à en faire l’un des plus grands fiascos judiciaires du pays.
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Un symbole d’espoir pour les partisans de la vérité Cette nouvelle mise en examen relance, pour certains, l’espoir de voir la lumière faite sur une affaire restée sans réponse depuis plus de quatre décennies. Pour d’autres, il s’agit d’un énième rebondissement sans issue, reposant sur des éléments trop fragiles. Quoi qu’il en soit, le nom de Grégory Villemin continue de hanter la mémoire collective, rappelant la complexité des enquêtes de longue haleine et les failles d’un système judiciaire parfois impuissant face au temps.
Plus de quarante ans après le drame de Lépanges-sur-Vologne, la mise en examen de Jacqueline Jacob ravive l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire judiciaire française. À 81 ans, la grand-tante du petit Grégory reste déterminée à défendre son honneur face à une justice qui, une fois encore, rouvre un dossier chargé d’émotion et de controverses. Reste à savoir si la science et la persévérance des juges permettront enfin d’apporter une vérité que la France attend depuis 1984.
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