Le tabagisme reste omniprésent dans les films et les séries, tandis que la cigarette électronique peine à trouver sa place à l’écran et cela malgré le prix d’une cigarette électronique […]
Le tabagisme reste omniprésent dans les films et les séries, tandis que la cigarette électronique peine à trouver sa place à l’écran et cela malgré le prix d’une cigarette électronique très bas. Une étude de la Ligue contre le cancer, complétée par un sondage auprès des jeunes, met en lumière l’impact de cette exposition et les risques de normalisation du tabac. Entre glamourisation et banalisation, le cinéma et les séries continuent d’influencer la jeunesse.
La persistance du tabac dans les productions audiovisuelles
Des chiffres inquiétants
Entre 2015 et 2019, la Ligue contre le cancer a analysé plus de 150 films français et constate que 90,7 % comportent au moins une scène, un objet ou un dialogue en lien avec le tabac. La présence de cigarettes, cendriers ou personnages fumant est encore très marquée, avec une moyenne de 12,7 scènes de tabagisme par film et près de 2,6 minutes de tabac à l’écran. Pour les auteurs de l’étude, cette exposition agit comme l’équivalent de six spots publicitaires par film, contribuant à valoriser la consommation de tabac.
Une perception partagée par les jeunes
Le sondage réalisé en 2021 auprès des 18-24 ans montre que 58 % des jeunes considèrent la présence de scènes de tabac comme une incitation à fumer, et 54 % suspectent un rôle des industriels du tabac dans le placement de produits. Cette inquiétude rejoint celle des autorités sanitaires : l’exposition répétée au tabac à l’écran est associée à une probabilité accrue d’initiation au tabagisme et de reprise chez les ex-fumeurs.
Banalisation et glamourisation du tabac
Des situations quotidiennes et neutres
La Ligue souligne que 74,6 % des scènes de tabagisme se déroulent dans des contextes banals, tandis que 87,8 % des personnages fumeurs présentent un profil neutre, et seulement 21,2 % sont des personnages principaux. Cette banalisation renforce la perception que fumer est un comportement ordinaire et socialement accepté.
Des lieux de consommation diversifiés
L’étude révèle également que 21,5 % des scènes se situent dans des lieux de travail, et 16,6 % dans des cafés, restaurants ou discothèques, en infraction avec l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Le tabac apparaît ainsi de plus en plus intégré dans la vie quotidienne des personnages, normalisant sa présence auprès des spectateurs.
L’explosion du tabac dans les séries et clips musicaux
Une exposition accrue en streaming
Si le nombre de films montrant du tabac a légèrement diminué en 2022, les séries connaissent l’effet inverse. Parmi les programmes les plus populaires auprès des 15-24 ans, le nombre de représentations de tabac a presque quadruplé, exposant près de 25 millions de jeunes. Des séries comme Dahmer – Monster : The Jeffrey Dahmer Story, Euphoria ou Stranger Things comptent plusieurs centaines de scènes de tabagisme par saison, contribuant à la normalisation de l’acte.
Les clips musicaux amplifient le phénomène
Les vidéos musicales populaires ont également renforcé l’exposition au tabac. En 2022, 28 % des clips du Billboard comportaient des scènes de tabagisme, visionnées près de 7 milliards de fois. Les cigarettes classiques dominent largement, tandis que les e-cigarettes ne représentent encore qu’une faible part (27 occurrences contre 1 en 2021). Cette visibilité massive, notamment dans le R&B et le hip-hop, contribue à glamouriser le tabac pour une audience jeune.
L’impact sur la jeunesse et les ex-fumeurs
Une incitation réelle à fumer
Les données révèlent que 72 % des ex-fumeurs et 60 % des fumeurs réguliers estiment que voir des scènes de tabac à l’écran leur donne envie de fumer. Même pour ceux qui ont arrêté, la vision de personnages célèbres, comme Thomas Shelby dans Peaky Blinders, peut raviver l’envie de cigarette. L’Alliance contre le tabac rappelle que le tabagisme est la première cause de décès évitable en France, avec 75 000 décès chaque année.
La vape, une alternative encore marginale
La cigarette électronique apparaît comme une solution plus écologique et économique, mais elle reste peu représentée à l’écran. La vape est perçue comme un symbole de modernité et de différenciation, mais sa présence est largement inférieure à celle du tabac classique. Les productions pourraient pourtant l’intégrer davantage pour sensibiliser et réduire les risques liés au tabagisme traditionnel.
Vers une régulation culturelle
Travailler avec le cinéma et les séries
Face à cette omniprésence du tabac, l’Alliance contre le tabac souhaite collaborer avec les professionnels de la culture afin d’établir une charte sur la représentation du tabac à l’écran. L’objectif est de réduire la normalisation et de limiter l’exposition des jeunes à ce risque majeur pour la santé publique.
Sensibilisation et prévention
Les experts insistent sur le rôle crucial des parents et éducateurs pour décrypter les images et expliquer les dangers du tabac. En parallèle, les campagnes de sensibilisation et la réglementation sur le placement de produits restent essentielles pour faire reculer cette présence à l’écran et protéger la jeunesse.
Le tabac reste omniprésent dans les films, séries et clips musicaux, tandis que la vape peine à s’imposer. Cette exposition répétée contribue à banaliser et glamouriser la consommation de cigarettes, en particulier auprès des jeunes. Pour limiter ce phénomène, une collaboration étroite avec le monde culturel et une charte sur la cigarette à l’écran apparaissent indispensables.
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