Dans Ma maison chez les ploucs, Fabian Regairaz signe une comédie sociale absurde et mordante où un notaire parisien est contraint d’affronter ses origines après le déplacement inattendu de sa maison.
Avec son premier roman Ma maison chez les ploucs, publié aux Éditions Il est Midi, Fabian Regairaz signe une comédie sociale acide et existentielle. Entre absurde et ironie, il explore les failles d’un notaire parisien confronté à ses origines et à ses propres contradictions. Une fable sur le déracinement et la honte sociale.
Quand l’absurde devient révélateur
Une maison déplacée d’autorité Dans Ma maison chez les ploucs, tout commence par un événement surréaliste : le transfert d’un immeuble entier de Vincennes à Saint-Étienne. Ce déplacement administratif, imposé par les autorités, provoque une série de bouleversements à la fois intimes et sociaux. L’idée, à la frontière du fantastique et du réalisme, devient le point de départ d’une réflexion sur la perte de repères et le poids du territoire.
Publicités
Le choc des territoires À travers cette fiction improbable, Fabian Regairaz met en lumière les fractures géographiques et sociales qui divisent la France contemporaine. D’un côté, Vincennes et ses notables parisiens ; de l’autre, Saint-Étienne, symbole de la province populaire. Ce glissement forcé agit comme un révélateur des préjugés et des hiérarchies invisibles qui façonnent les relations humaines.
Un antihéros au bord de la crise
Louis Vuillerme, notaire en perdition Le protagoniste, Louis Vuillerme, est un notaire hypocondriaque et snob, profondément marqué par la honte de ses origines modestes. Plongé malgré lui dans la ville qu’il méprise, il se confronte à ses propres démons : son mépris de classe, ses angoisses corporelles et ses contradictions morales. La tumeur imaginaire qui le hante devient la métaphore de sa culpabilité refoulée.
Publicités
Une galerie de personnages hauts en couleur Autour de Louis gravite une série de figures truculentes : un beau-père tyrannique, une épouse adepte de spiritualité new age, des Stéphanois hostiles mais lucides, et des journalistes à l’affût du scandale. Chacun, à sa manière, incarne une forme de vérité sociale ou de dérision existentielle. Par touches d’humour noir, Regairaz dresse un tableau impitoyable mais tendre de la comédie humaine.
Entre satire et métaphysique
Une farce qui interroge l’identité Si le roman amuse par son absurdité, il soulève aussi des questions essentielles. Peut-on vraiment échapper à ce que l’on est ? Fuir ses origines, ses hontes et son histoire ? En déplaçant son personnage, l’auteur déplace aussi le regard du lecteur, l’obligeant à questionner la notion même de « chez soi ». La satire se double ainsi d’une quête existentielle.
Publicités
L’écriture d’un notaire romancier Fabian Regairaz, notaire de profession, écrit avec la précision d’un homme de loi et l’ironie d’un observateur du quotidien. Il mêle trivial et philosophique, grotesque et sensible. Derrière l’absurde, il explore les mécanismes de défense et les stratégies de survie que chacun met en place pour dissimuler sa propre fragilité. Son écriture, vive et acérée, révèle un humour teinté de mélancolie.
Le roman d’un démasquage
Quand le réel rejoint la fable À mesure que le récit avance, la situation invraisemblable devient une parabole du déni social. Le déplacement géographique de Louis Vuillerme symbolise une délocalisation intérieure : celle d’un homme qui refuse de se reconnaître dans ce qu’il est. Le grotesque finit par rejoindre le tragique, dans une mécanique narrative où tout semble à la fois risible et terriblement humain.
Publicités
Une comédie sur la honte et le déracinement Ma maison chez les ploucs s’inscrit dans la tradition des comédies françaises où l’humour sert de miroir aux blessures sociales. On pense à des auteurs comme Desproges ou Perec, capables de mêler ironie et désespoir. Le roman, en apparence burlesque, devient ainsi une méditation sur la honte, la filiation et la difficulté d’habiter le monde.
Fabian Regairaz réussit avec ce premier roman un coup de maître : transformer une idée absurde en une fresque à la fois drôle et profondément humaine. Ma maison chez les ploucs parle du mépris, du déracinement, et de cette impossibilité à fuir ce que l’on est vraiment.
En savoir plus sur ActuaNews.fr
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.