Limp Bizkit, groupe emblématique des années 1990-2000, a engagé une bataille juridique contre Universal Music Group. Le groupe accuse le géant de l’industrie musicale d’avoir conçu un système de paiement de royalties défectueux, privant ainsi les artistes de leurs revenus légitimes. Limp Bizkit réclame des millions de dollars de dommages et l’annulation de ses contrats avec Universal.
Une accusation de fraude de grande envergure
Une plainte contre un système défaillant
Mardi dernier, Limp Bizkit a déposé une plainte devant un tribunal fédéral en Californie contre Universal Music Group (UMG), accusant le label de fraude et de violation de contrat. Le groupe, mené par le charismatique Fred Durst, affirme que le système mis en place par UMG pour calculer et verser les royalties a été intentionnellement conçu pour empêcher les artistes de recevoir leurs paiements.
Selon la plainte, Limp Bizkit n’a perçu aucun revenu lié à ses droits musicaux jusqu’à cette année, moment où le groupe a découvert une faille dans le processus. Cette découverte a révélé qu’ils étaient en réalité en droit de recevoir plus d’un million de dollars de royalties. Le groupe cherche désormais à obtenir une compensation de plus de 200 millions de dollars ainsi qu’une annulation de ses contrats avec le conglomérat.
Des millions d’albums vendus, mais aucune royauté
Bien que la popularité de Limp Bizkit ait atteint son apogée à la fin des années 1990 et au début des années 2000, l’intérêt pour le groupe est resté fort au fil des années. En 2024, la musique du groupe est toujours largement écoutée, avec plus de 450 millions de streams sur Spotify, et ils continuent de remplir des salles de concert à travers le monde sans avoir produit de nouvel album.
Cette popularité croissante a conduit Fred Durst à s’interroger sur la raison pour laquelle lui et le groupe n’avaient jamais perçu de royalties de la part d’Universal. Malgré des millions d’albums vendus, Universal leur avait régulièrement assuré qu’ils devaient encore rembourser des avances, ce qui les empêchait de toucher des droits d’auteur. Cependant, lorsqu’un audit du système a été effectué par les nouveaux représentants légaux de Durst, il est apparu que le groupe était en fait créancier d’un montant de plus d’un million de dollars depuis 2019.
Un défaut de paiement systématique ?
Des manipulations de comptes suspectes
Selon la plainte déposée par Limp Bizkit, les comptes de royalties du groupe auraient dû être soldés et payés dès 2019, mais Universal aurait frauduleusement requalifié ces sommes en « non récupérées », bloquant ainsi les paiements. Une déclaration de royalties pour un projet du groupe, envoyée au deuxième trimestre 2022, affichait un solde positif, mais quelques mois plus tard, ce même solde avait mystérieusement été converti en déficit de près de 200 000 dollars.
Durst affirme que ces charges inexpliquées sont apparues de nulle part, provoquant une mise à découvert de leurs comptes. Les avocats du groupe ont rapidement exigé un paiement immédiat ainsi que la restitution des enregistrements maîtres du groupe. Cependant, Universal a justifié ces manipulations comme étant une « erreur isolée » due à un dysfonctionnement de son nouveau logiciel de gestion des royalties.
Un remboursement partiel, mais insuffisant
Suite à cette réclamation, Universal a finalement versé environ 1 million de dollars de royalties en retard au groupe. En outre, 2,3 millions de dollars ont été versés à Flawless Records, le label de Fred Durst, au titre d’un accord datant de 1999. Toutefois, selon Limp Bizkit, ces paiements tardifs ne représentent qu’une fraction de ce qui leur est dû.
Universal a également mentionné avoir versé au groupe environ 43 millions de dollars en avances au fil des ans, ce qui expliquerait pourquoi les paiements de royalties ne s’étaient déclenchés que récemment. Cependant, Limp Bizkit conteste cette somme, affirmant que le montant réel des avances est gonflé de près de 30 millions de dollars, une manipulation qui contribuerait à la confusion et au manque de transparence autour des paiements.
Une bataille pour les droits des artistes
Une faille dans le système, ou une fraude institutionnalisée ?
La plainte de Limp Bizkit met en lumière une faille potentiellement plus large dans le système de gestion des royalties d’Universal, affectant non seulement le groupe, mais aussi de nombreux autres artistes. La plainte stipule que, bien que les comptes de Limp Bizkit et de Flawless Records soient séparés, ils ont tous deux été victimes d’un dysfonctionnement « essentiellement frauduleux » du système d’UMG. Selon le groupe, des millions de dollars de royalties seraient dus à des artistes qui ignorent même leur existence en raison de ce système complexe et opaque.
Ces accusations soulèvent une question importante sur le traitement des artistes dans l’industrie musicale, notamment en ce qui concerne la transparence des paiements et la protection des droits des créateurs. Si les allégations de Limp Bizkit sont fondées, elles pourraient encourager d’autres artistes à enquêter sur leurs propres comptes et à revendiquer des droits similaires.
Un combat pour la restitution des masters
En plus des royalties, Limp Bizkit demande également la restitution de ses enregistrements maîtres, qui sont actuellement exploités par Universal malgré la prétendue résiliation des contrats du groupe avec le label en raison de la fraude. Le groupe affirme que ses droits ont été violés et que, bien que leurs contrats aient officiellement pris fin le 30 septembre, Universal continue de tirer profit de leur musique.
Universal Music Group n’a pas encore officiellement commenté l’affaire, mais cette bataille judiciaire pourrait s’étendre sur plusieurs mois, voire des années, et pourrait avoir des répercussions importantes sur la manière dont les majors gèrent les royalties de leurs artistes.
L’affaire Limp Bizkit contre Universal Music pourrait bien ouvrir la voie à une remise en question profonde du système de paiement des royalties dans l’industrie musicale. Le groupe réclame non seulement des millions de dollars de compensation, mais aussi un changement de pratique dans la gestion des droits des artistes. Cette bataille judiciaire pourrait devenir un cas emblématique pour d’autres artistes confrontés aux mêmes problèmes de transparence et de paiement.
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